Tout savoir sur la procédure d’adoption simple de l’enfant du conjoint

« Je l’aime comme s’il était le mien. » Cette phrase, vous l’avez peut-être déjà prononcée ou pensée en regardant l’enfant de votre conjoint. Au fil des années, vous avez construit une relation unique avec lui. Vous avez partagé les petits moments du quotidien, les devoirs du soir, les fous rires, parfois même les chagrins. Aujourd’hui, vous envisagez de donner un cadre légal à ces liens du cœur.

Mais vous vous posez sûrement beaucoup de questions. L’adoption simple de l’enfant du conjoint est-elle la bonne solution ? Comment l’autre parent va-t-il réagir ? Quelles seront les conséquences pour votre famille recomposée ? Ces interrogations sont légitimes. Toutefois, chaque année, de nombreuses familles comme la vôtre franchissent ce pas important.

Vous envisagez une adoption simple de l’enfant de votre conjoint ? Vous ne savez pas par où commencer ? Rassurez-vous ! Pour découvrir comment transformer cette belle relation en un lien juridiquement reconnu, suivez notre mode d’emploi !

Qu’est-ce que l’adoption simple de l’enfant du conjoint ?

L’adoption simple de l’enfant du conjoint est une solution juridique qui permet de créer un nouveau lien de filiation tout en préservant les liens existants. Cette forme d’adoption vient enrichir la situation familiale de l’enfant : elle lui ajoute un nouveau parent sans effacer le passé. 

Concrètement, l’enfant adopté conserve tous ses liens avec sa famille d’origine, notamment avec ses deux parents biologiques, mais il établit une nouvelle relation juridique avec l’adoptant.

Cette approche respectueuse des liens qui existent correspond parfaitement aux réalités des familles recomposées d’aujourd’hui. Elle permet de donner un cadre légal à une relation affective déjà construite, sans pour autant bouleverser l’équilibre familial de l’enfant. C’est un peu comme ajouter une nouvelle branche à l’arbre généalogique de l’enfant !

👉 Bon à savoir : 

Il est important de distinguer l’adoption simple de l’enfant du conjoint de l’adoption plénière :

CARACTÉRISTIQUESADOPTION SIMPLEADOPTION PLÉNIÈRE
Liens avec la famille d’origineMaintenusRompus
RévocabilitéPossible pour motifs gravesImpossible
Nom de familleAjout possible du nom de l’adoptantSubstitution complète possible
Droits successorauxDans les deux famillesUniquement dans la famille adoptive
Autorité parentalePartagée possible sur déclarationTransfert complet à l’adoptant

Qui peut adopter l’enfant de son conjoint ?

Pour réaliser une adoption simple de l’enfant du conjoint, plusieurs conditions doivent être réunies. Le législateur a souhaité encadrer cette démarche pour garantir l’intérêt de l’enfant, tout en l’adaptant aux réalités des familles recomposées.

Le conjoint marié 

Le mariage est une condition essentielle. En effet, malgré la réforme de 2022 qui a ouvert l’adoption aux couples pacsés et aux concubins dans d’autres situations, l’adoption de l’enfant du partenaire reste réservée aux couples mariés. Cette exigence s’explique par la volonté de garantir un cadre stable à la nouvelle filiation qui va se créer.

Âgé d’au moins 26 ans

Selon l’article 343-1 du Code civil, vous devez avoir au moins 26 ans pour adopter l’enfant de votre conjoint. 

Qui a 10 ans d’écart minimum avec l’enfant 

La loi prévoit aussi un écart d’âge minimum de 10 ans entre vous et votre futur enfant adoptif. Cette différence d’âge, plus souple que pour les autres formes d’adoption, tient compte des réalités des familles recomposées. Dans certains cas particuliers, le tribunal peut même accorder une dérogation si cet écart n’est pas atteint.

Qui doit consentir à l’adoption simple de l’enfant du conjoint ? 

Pour que votre projet d’adoption simple de l’enfant du conjoint aboutisse, l’accord de plusieurs personnes est indispensable. Ces consentements traduisent la dimension familiale et collective de votre démarche.

Le conjoint parent de l’enfant adopté

Naturellement, votre conjoint, parent de l’enfant, doit donner son accord. Ce consentement exprime sa confiance en vous et son souhait de vous voir juridiquement lié à son enfant.

L’autre parent biologique de l’enfant adopté 

L’autre parent biologique doit également consentir à l’adoption. Cette étape peut parfois s’avérer délicate et nécessiter du dialogue. Il est important de le rassurer : l’adoption simple ne le prive pas de ses droits parentaux, elle vient simplement officialiser une nouvelle relation juridique bénéfique pour l’enfant.

L’enfant adopté 

Si votre futur enfant adoptif est âgé de plus de 13 ans, son consentement personnel devient nécessaire. C’est l’occasion d’échanger avec lui sur le sens de cette adoption et de vous assurer qu’il se sent prêt pour cette nouvelle étape. Son accord sera également requis pour toute modification de son nom.

🖊️ Exemple : 

Julie souhaite adopter Thomas, 14 ans, l’enfant de Paul avec qui elle est mariée. Thomas a déjà une filiation établie avec son père Paul et sa mère Sophie. Pour que l’adoption simple soit possible, Julie devra obtenir non seulement le consentement de Paul, son époux, mais aussi celui de Sophie, la mère de Thomas. Dans la mesure où Thomas a plus de 13 ans, son accord personnel sera également nécessaire.

⚠️ Attention : 

Conformément à l’article 348-3 du Code civil, le consentement à l’adoption doit répondre à trois critères essentiels pour être valide :

  • Il doit être donné de manière totalement libre ; 
  • Il doit être obtenu sans aucune contrepartie, notamment financière ; 
  • Il doit être éclairé, c’est-à-dire que la personne qui consent doit avoir été pleinement informée des conséquences juridiques de sa décision.

Le non-respect de ces conditions constitue un vice du consentement pouvant entraîner la nullité de la procédure d’adoption.

L’adoption simple de l’enfant du conjoint : la procédure pas à pas

Le parcours vers l’adoption se déroule en plusieurs étapes clés. Comprendre ce cheminement vous permettra d’avancer sereinement dans votre projet.

Tout commence chez le notaire qui recueille officiellement les différents consentements. Il vérifie que chacun comprend bien les enjeux de l’adoption et rédige les actes authentiques nécessaires. C’est aussi l’occasion de poser toutes vos questions sur la procédure à venir.

Vient ensuite l’étape de la requête auprès du tribunal judiciaire. Si l’enfant a plus de 15 ans, vous devrez obligatoirement être assisté par un avocat. Votre dossier devra comprendre les actes de consentement, les copies d’actes de naissance, les justificatifs de votre situation familiale et une lettre expliquant vos motivations.

Le tribunal examine ensuite votre demande. Les juges vérifient que l’adoption correspond bien à l’intérêt de l’enfant et que toutes les conditions légales sont respectées.

💡 Bon à savoir : 

Les délais de procédure peuvent varier significativement selon les tribunaux et la complexité de votre dossier. 

Les conséquences de l’adoption simple sur la vie de famille

Une fois prononcée, l’adoption simple produit plusieurs effets importants dans votre quotidien familial.

Adoption simple de l’enfant du conjoint et autorité parentale 

L’article 370-1-8 du Code civil précise que l’exercice de l’autorité parentale par l’adoptant n’est pas automatique. Pour que vous puissiez exercer l’autorité parentale conjointement avec votre conjoint, vous devrez faire une déclaration conjointe auprès du directeur des services de greffe du tribunal judiciaire. Cette démarche vous permettra de participer pleinement aux décisions importantes qui concernent l’éducation de l’enfant.

Adoption simple de l’enfant du conjoint et nom de famille 

La question du nom de famille offre plusieurs options.

L’enfant peut ajouter votre nom au sien, garder uniquement son nom d’origine ou prendre uniquement votre nom. Ce choix dépendra de votre situation et nécessitera l’accord de l’enfant s’il a plus de 13 ans.

Adoption simple de l’enfant du conjoint et succession

Sur le plan successoral, l’adoption simple crée une situation avantageuse : l’enfant devient votre héritier mais il conserve également ses droits dans sa famille d’origine. 

Il pourra ainsi hériter à la fois de sa famille biologique et de sa famille adoptive.

💡Les conseils de Nolwenn News : 

Avant de démarrer la procédure :

  • Prenez le temps d’en discuter ouvertement en famille
  • Impliquez l’enfant dans les décisions qui le concernent selon son âge
  • Écoutez les craintes et les souhaits de chacun
  • Préparez un dossier avec tous vos documents d’état civil
  • Réfléchissez à la question du nom de famille à l’avance
  • Privilégiez toujours le dialogue avec l’autre parent biologique
  • N’hésitez pas à consulter un médiateur familial si nécessaire

L’adoption simple de l’enfant de votre conjoint représente bien plus qu’une simple procédure judiciaire : c’est la reconnaissance officielle d’une histoire d’amour et de famille qui s’est construite jour après jour. Si le chemin peut sembler complexe au premier abord, il suit une logique claire qui permet à chacun – parent biologique, adoptant et enfant – de trouver sereinement sa place dans cette nouvelle configuration familiale.

Dans ce moment important de votre vie, vous avez besoin d’être accompagné par un professionnel qui comprend non seulement les enjeux juridiques, mais aussi la dimension émotionnelle de votre démarche. Votre avocat sera ce guide précieux qui saura transformer votre projet en réalité, en veillant à préserver l’équilibre et l’intérêt de chaque membre de votre famille. N’hésitez pas à franchir le pas : parfois, le droit peut être le plus beau moyen d’écrire une nouvelle page de votre histoire familiale.

Pour approfondir le sujet et comprendre l’évolution récente du droit de l’adoption, vous pouvez consulter notre article sur l’adoption de l’enfant du conjoint : une solution en évolution pour les familles recomposées.

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