Dans une publicité drôlissime de la marque Volkswagen de 2015 que vous connaissez tous, deux frères se retrouvent chez le notaire pour la lecture du testament de leur défunt père.
Alors que le plus jeune, Paul, reçoit un appartement, des bons du trésor, et une collection de montres, c’est l’héritage d’une voiture Volkswagen à son frère Olivier qui déclenche une réaction disproportionnée. « T’as toujours été son préféré! » s’exclame-t-il, illustrant parfaitement comment un objet matériel peut devenir le catalyseur de tensions familiales longtemps enfouies.
Cet exemple humoristique va nous permettre d’explorer les dynamiques complexes qui se trament dans les successions et l’importance d’une intervention précoce des avocats pour donner toutes les chances à l’amiable.
« T’as toujours été son préféré ! » : des successions chargées d’émotions
La valeur des choses à travers le prisme de l’histoire familiale
La publicité Volkswagen met en scène non seulement une voiture, mais aussi un véritable drame familial, où la Volkswagen devient le symbole des préférences parentales perçues. Cette scène met en lumière comment un simple objet peut devenir le déclencheur de vieilles jalousies et rivalités fraternelles.
En réaction à l’annonce, Paul ne voit pas la valeur de l’appartement, des bons du trésor, ni celle des montres qui lui sont attribuées, mais une preuve tangible que son frère était le favori du père. Alors que dans les faits, c’est lui qui a été clairement avantagé par son père, du moins si on s’en tient à la valeur des choses. Si c’était si simple!
Cette publicité souligne comment les objets hérités peuvent être imprégnés d’une profonde signification émotionnelle, déclenchant des réactions qui vont bien au-delà de leur valeur matérielle.
Gérer les successions comme des parcours émotionnels
La réaction de Paul illustre une vérité souvent douloureuse dans les successions : les objets sont des prétextes pour faire ressurgir les conflits anciens non résolus.
La gestion des successions n’est pas seulement une affaire de répartition des biens. C’est généralement le moment où tous les traumas du passé ressortent de même que les vieilles histoires familiales enfouies. Le décès du défunt ou de la défunte signe la fin de la paix familiale et la prétendue entente cordiale. Cela est d’autant plus vrai quand à la douleur de la perte d’un être cher et aux rancœurs se mêlent des questions financières.
Il est évident que tant les notaires que les avocats qui sont amenés à intervenir dans une succession doivent avoir ces considérations bien à l’esprit.
Certes les successions comportent de vraies questions juridiques, mais les questions humaines et familiales sont tout aussi importantes.
Le rôle des avocats dans les successions : intervenir avant que le conflit ne s’enlise
C’est le notaire qui est en charge des successions, c’est-à-dire que c’est lui qui va ouvrir la succession et la régler. L’idée est de mettre tous les héritiers d’accord pour régler la succession. Mais ça n’est pas toujours possible. Généralement, les héritiers vont voir des avocats quand ils n’ont pas réussi à trouver d’accord chez le notaire et que l’un d’eux veut saisir le tribunal.
Prévenir plutôt que guérir : l’importance de l’intervention précoce des avocats
Dans le cadre des successions, il est assez rare que les héritiers se fassent assister d’un avocat dans la partie de la succession se passant devant le notaire. C’est bien dommage!
Recourir à un avocat dans cette phase permet de:
- bien comprendre les enjeux juridiques de la succession, ce qui n’est jamais simple car les termes et les notions employés sont souvent complexes.
- avoir un professionnel à ses côtés qui dépassionne les débats. L’avocat est là pour défendre vos intérêts et les faire valoir sans entrer dans le tourbillon des émotions. Il peut faire passer votre message de manière plus audible que vous ne le feriez.
- vous aider à trouver une issue amiable: il vous aide à mesurer les enjeux et cerne avec vous ce qui est important. Il saura être l’interface avec les autres professionnels et parties pour négocier un accord.
L’intervention précoce des avocats peut souvent prévenir l’escalade du conflit et éviter que le règlement de la succession finisse devant un tribunal.
Les avocats deviennent alors les interlocuteurs du notaire et tous les professionnels travaillent ensemble de manière beaucoup plus fluide.
Les avocats ont une meilleure chance de guider les héritiers vers des solutions amiables, préservant ainsi les relations familiales et économisant les coûts émotionnels et financiers d’une procédure judiciaire.
Naviguer avec l’ARA et la césure pour garder le cap vers l’amiable
Si jamais le tribunal était saisi de la liquidation et du partage de la succession, tout n’est pas encore perdu pour trouver une issue amiable, même si c’est toujours plus compliqué.
C’est plus compliqué parce que le conflit est généralement à son comble, que les esprits sont échauffés et qu’à ce stade, les héritiers sont plus dans des dispositions combattives qu’amiables.
En réalité, quand au stade judiciaire on retourne vers l’amiable, c’est soit que le juge a enjoint fortement les parties à le faire, soit que les parties commencent à s’essouffler émotionnellement et financièrement dans une procédure judiciaire sans fin ou que la première décision n’est pas favorable. Donc c’est rarement de gaîté de cœur, mais plus en désespoir de cause…
Au stade du règlement judiciaire de la succession, le juge peut ordonner une médiation, mais il peut aussi suggérer une ARA (Audience de Règlement amiable) ou procéder à une césure du procès pour régler un point de droit qui permettrait de débloquer les pourparlers.
Conclusion
La publicité Volkswagen nous rappelle que derrière chaque objet d’une succession, il y a souvent un réseau complexe de relations et d’histoires familiales. Les notaires et avocats jouent un rôle déterminant non seulement en sécurisant les aspects légaux des successions, mais aussi en prenant en compte les aspects émotionnels qui les accompagnent. En intervenant tôt, les avocats peuvent aux côtés du notaire transformer des successions potentiellement conflictuelles en résolutions amiables, démontrant que la prévention des conflits est souvent tout aussi importante que leur résolution.